Tu es trop gentille
9 octobre 2022
« Tu es trop gentille »
Combien de fois ai-je entendu ce genre de phrase ?
Nous vivons dans un monde où la gentillesse est étiquetée.
« Trop bon, trop con »
« Tu es trop gentille, tu vas te faire avoir »
En somme, si tu es gentille, tu es bête, et - en plus - tu va te faire mener par le bout du nez.
Etre gentil c’est donc être influençable.
C’est être soumis.
Cela fait plusieurs jours que l’on m’emmène sur ce chemin de compréhension pour moi-même.
Quelle révélation !
J’ai compris ceci.
Cet élan que j’ai en moi de partager des mots doux, des paroles de gentillesse, qui sont sincères, a toujours été présent. Dans de nombreuses situations, la personne à qui elles sont adressées adopte un comportement réactif : domination (sarcasme, autorité, indifférence…) induisant un comportement de soumission de ma part. Comportement que j’ai alimenté durant toutes ces années ! Inconsciemment. Car effectivement l’éducation que j’ai reçue m’a formatée à cela.
Je sentais pourtant en moi une boule au ventre, la colère qui montait. J’ai pu l’exprimer, l’exposer, l’exploser. A chaque fois que ce fut le cas, je ne me sentais pas bien. Car elle était en opposition avec l’état initial (la phrase gentille). Un shisme.
Alors j’ai intuitivement souhaité démonter la conséquence. Ne plus vivre ces situations désagréables. Je me suis auto-sabordée. J’ai arrêté en vol l’envie de dire des choses gentilles à certaines personnes, anticipant qu’elles enclencheraient la domination et que je ne souhaitais pas m’en prendre ‘plein la figure’ en retour.
Sauf que je me sentais également mal. La tristesse profonde. Pourquoi ?
Je viens de le comprendre.
Parce que cette phrase gentille n’est pas le fruit d’une adaptation pour être ‘une bonne personne’, mais l’Essence de qui je suis. C’est ma Nature profonde. (je ne parle que de mon vécu, mais je suis convaincue que c’est la Nature de chacun
)
Je n’ai jamais osé l’exprimer ainsi car un saboteur puissant me souffle (encore aujourd’hui) qu’affirmer une telle chose est orgueilleux, et manque d’humilité. Pourquoi ? En rapport à une morale (c’est bien ou c’est mal), ou un dogme religieux. Quoi de mieux pour dégoupiller encore une fois l’épanouissement de qui je suis. Une dernière tentative du mental pour m’empêcher de m’exposer avec amour. Par peur que je me fasse mal.
En niant cette expression, je me nie moi-même, je me mets sous cloche.
Comment faire autrement ?
Aujourd’hui une clé m’a été transmise.
Ne pas alimenter le mécanisme de domination s’il est enclenché par la personne à qui j’exprime cette phrase.
Regarder derrière le mécanisme. J’ai compris que la personne n’est pas en capacité de recevoir cette phrase, car elle s’auto-saborde (« ce n’est pas possible que quelqu’un pense ceci de moi »). Elle souffre beaucoup. Car elle s’est éloignée de la joie et de l’émerveillement en toute chose, même infime, du quotidien. Et que l’expression de cette joie la renvoie à sa non-capacité à l’exprimer elle-même. Cela fait également mal. Alors elle va alimenter de multiples justifications : on me dit cela par intérêt, ou pour me manipuler etc. En somme, une parole d’amour est une parole en fin d’utiliser l’autre, d’attendre quelque chose de l’autre. Un autre mécanisme courant.
Les leviers sont nombreux et se renvoient les uns aux autres.
Pour ma part, j’ai résolu de ne plus me restreindre, encore une fois, à travers cette expression.
C’est m’accueillir, Moi, Enfin !
Je visualise mon esprit et mon mental, main dans la main, regardant l’horizon ensoleillé ensemble. Je vois par l’expérience vécue que le mental est capable de changer, d’évoluer, de s’apaiser. J’y aspire. Il n’y a pas de guerre entre le mental et l’esprit. Juste une conversation, permettant au mental d’exprimer ses peurs, souffrances et argumentant ses protections. Il n’est pas l’ennemi, mais un ami indispensable.
La compassion, l’enveloppe de douceur, pour lui permettre de prendre la main de l’esprit et se laisser emporter avec confiance.
Je me retrouve, soulagée : une semeuse. Avec des graines de joie, des graines d’émerveillement. Voilà qui je Suis aujourd’hui.