A toi l'homme
octobre 2022
A toi l’homme…
Un état de colère larvée au matin. Sans raison apparente. Qui ne s’apaise pas.
Le bassin douloureux.
Et la révélation.
Je n’imaginais pas revivre ces instants aux premières heures de la journée. Aller à cet endroit.
Une colère envers l’homme. Envers le masculin. Et par là même un rejet de mon propre masculin intérieur.
A toi, l’homme…
Les souvenirs remontent. De cette vie, et d’autres mais qui ne sont que des résonances de celle-ci (à moins que ce soit le contraire ? Quoique…)
A toi l’homme…
Tu n’as pas appris à exprimer l’amour. Ta mère n’a pas été affectueuse avec toi. Tu l’étais, avec moi, à ta façon. J’avais ton attention lorsque j’obéissais. Tu t’ouvrais alors à la douceur et non plus l’autorité.
J’ai tenté d’exprimer qui j’étais.
De plus en plus fort.
Plus tu m’en empêchais, plus je criais, jusqu’à hurler. Dans ces moments, tu me demandais de me taire, tu ne voulais pas m’entendre. Tu décidais. La femme à tes côtés joignait ton pas, dans une attitude soumise, telle une coquille vide, elle subissait déjà sa vie et ses peurs. Elle me montrait inconsciemment comment me comporter.
Il est arrivé que tu m’abandonnes, plusieurs fois, sur le bord de la route. Car tu ne supportais plus mes cris.
Je me retrouvais alors seule, terrorisée. Et je trouvais cela injuste.
Une de mes peurs fondamentales. L’abandon, l’impression d’être la dernière créature au monde à vivre dans ce monde (cela rejoignait l’expérience du vide de l’éther non verbalisées, non comprises, et m’ayant imprimé une peur panique).
Je comprends aujourd’hui que j’ai la croyance que m’exprimer implique directement l’abandon et le rejet. Gros levier.
A toi l’homme…
Qui n’arrivait pas à m’exprimer son amour. J’ai cru que tu ne m’aimais pas. J’ai été jusqu’à la grève de la faim pour que tu réagisses et que tu m’exprimes pour la première fois l’une des plus belles phrases de ta (ma) vie.
A toi l’homme…
Qui a une telle peur du rejet que tu m’a rejetée et abandonnée à chaque instant, par ton indifférence, par ton absence. Par tes conditions. Mon expression t’a également fait peur. Peur que je t’enchaîne. Que tu te retrouves nu. Sans mur. Sans bouclier. Tu ne veux pas avoir mal. Tu as peur que la femme te mettes en prison parce qu’elle s’exprime.
Alors tu décides. Et tu décides pour plusieurs.
La femme suit. Car elle a peur, elle aussi.
Quel casse-tête !
A toi l’homme…
L’homme qui a peur. Peur d’être vulnérable parce qu’il aime.
Je suis comme toi. J’ai peur d’avoir mal parce que j’aime.
Enlevons les briques de nos murs.
Posons nos boucliers.
Tu es là.
Je suis là.